Gold Rush [Smoky]

Le jour se levait à peine sur l'Eldorado. Les faibles rayons du soleil matinal commençaient à se montrer par petits groupes timides au-dessus de la rivière Snake. Celle qui se creusait un chemin sinueux depuis la naissance de la vallée, en passant à travers la forêt, jusqu'à s'échouer dans la cascade un peu plus bas.

Le reflet de cette lueur aurorale teintée de rose sur l'eau claire et agitée était toujours d'une grande beauté, et nombreux devaient être ceux qui s'arrachaient à leur lit, tente ou matelas d'herbe pour apprécier ce paysage du petit jour. Ce jour-là, January se trouvait pourtant seule sur la rive, et elle ne s'était pas réveillée pour le plaisir de la contemplation.

Il ne s'agissait pas non plus d'un point de chute après une énième nuit passée toute entière à faire la fête dans une partie ou l'autre de l'Eldorado, le genre d'endroits où l'on atterrissait un peu par hasard, en attendant que les quelconques vapeurs nocturnes finissent par se dissiper. Et où l'on finissait généralement par s'endormir sur place et se réveiller quelques heures plus tard avec une certaine hébétude.

Non, la nuit qui venait tout juste de s'achever avait été des plus banales, ou du moins des plus sobres, et la raison de la présence de January en ce lieu et en cette heure était bien différente de tout cela. Quelle pouvait-elle donc bien être? D'après la personnalité de la jeune fille, il n'existait pas loin d'une infinité d'explications possibles, particulièrement si c'était à elle que l'on posait la question.

En l'occurrence, le tamis qu'elle avait entre les mains pouvait constituer un indice de taille. Ôtant ses chaussures et chaussettes, elle s'avança pieds nus dans un recoin de la rivière peu profond et facilement accessible, avant de s'installer avec son tamis et de se mettre à l'œuvre à tâtons, ne sachant pas vraiment comment procéder.

Oui, ce matin-là, January s'était bel et bien mis en tête de chercher de l'or dans le cours d'eau. Pourquoi? Comment? Une longue histoire, comme elle en avait tant à raconter. Inventer des choses n'avait pas un impact que sur ses discours et ses relations avec les gens, cela la conduisait aussi assez souvent à se déterminer à se lancer dans des aventures absurdes.

Comme chercher de l'or dans la rivière Snake.

Une inspiration, une expiration. Des volutes de fumée, une odeur reconnaissable entre mille.
De longues jambes fines, des cheveux couleur blé. Une bouche fine, des pupilles dilatées.

Alors que le soleil pointait tout juste le bout de son nez, je tentais d'émerger de la brume qui entourait son esprit. La soirée d'hier avait été mouvementée. J'avais bu à outrance avec quelques amis, dansé jusqu'à pas d'heure. J'avais rejoint avec peine ma tente, mais je n'arrivais pas à trouver le sommeil. J'avais soif, et envie de fumer. Fouillant avec difficulté ma sacoche, je mis finalement la main sur mon petit trésor.

Je sortis de ma tente en trébuchant légèrement, et me dirigeai sans vraiment y penser vers la rivière. Peut-être parce que j'avais soif, qui sait ? Je m'affalai par terre et commençais à rouler mon joint méticuleusement (ce qui me prit dix fois plus de temps que d'habitude vu mon état d'ébriété). Régulièrement, je jetais quelque regard autour de moi, pour voir si quelqu'un arrivait.

Dès qu'on me voyait fumer de l'herbe, on me demandait d'où je la sortais. Mais je changeais toujours de discussion. En effet, je la faisais pousser moi-même mais je n'avais pas l'intention de partager. Je n'avais que quelques pieds, alors je préférais les garder pour moi. Je n'étais pas radine du tout, j'apportais toute l'aide nécessaire quand on avait besoin de moi. Mais pour ce qui était de mon herbe, je n'avais pas l'intention de partager.

Mon joint enfin roulé, je l'allumais et tirait une longue bouffée dessus. Après avoir retenu mon souffle quelques secondes, je relâchais la fumée en fermant les yeux. La première bouffée était toujours mon moment préféré quand je fumais. J'aimais profiter de ce moment dans le calme le plus total, toute seule. Mais tout-à-coup, j'entendis un espèce de "plouf" pas très distinct. J'ouvris les yeux et mon regard se posa sur la rivière, essayant de trouver l'origine de ce bruit.

Dans la rivière, une jeune femme était accroupie. Je n'arrivais pas à distinguer ce qu'elle faisait. Pendant un instant, je crus à une hallucination: après tout, j'avais beaucoup bu et j'étais en train de fumer une substance illicite. Mais je me rendis vite compte que c'était une personne réelle.

[en cours]

» Smoky M. Willers - Let's smoke together !